Autres artistes
Georges ALLIER, André L’HELGUEN et André HORELLOU sont resté fidèle à Keraluc durant plusieurs décennies.
Par contre, d’autres artistes ont travaillé assez peu de temps à la manufacture pendant les premières années de l’entreprise, comme : Yves DEHAIS, Jean MAZUET, René-Yves CRESTON, Giovanni LÉONARDI, Georges CONNAN(collègue de Jos Le Corre et Pierre Toulhoat à l’école des beaux-arts de Quimper), Yves ENDERLIN, Roger-François THÉPOT, Jean-Paul JAPPÉ, Jean-Claude TABURET, Georges ORIOT, Luc-Marie BAYLE... Certains artistes se contentent d’un bref séjour, pour un premier contact avec le matériau et sa technologie contraignante, d’autres, confortés par leurs réalisations et désireux d’approfondir l’expérience, restent plus longtemps.
Au début des années 1960, la reconversion de Keraluc avec l’abandon de la faïence au profit du grès s’accompagne de nouveaux artistes. Jean Pierre MILLOT entre en 1963 avec le statut d’artiste indépendant après ses études à l’école des beaux-arts de Quimper. Aidé et influencé par André L’Helguen, il se familiarise vite avec la technique de décoration sur émail cru mise en œuvre dans l’atelier de décoration de la manufacture désormais axée exclusivement sur la production de grès de grand feu.
Jean-Claude COURJAULT arrive à Keraluc à la fin des années 1960 pour y développer durant 5 ans une production de pièces uniques en grès au sel qu’il tourne et décore lui-même. À la fin de son séjour, il prendra aussi en charge comme apprenti Alain BLANCHARD.
Tous les deux quitteront Keraluc vers 1973 pour monter leur propre atelier.
Enfin certains, comme Bastien LE PEMP ou André KERGOAT ont utilisé les biscuits de Keraluc dans leur propre atelier pour leur compte.
André L’Helguen (1935-2017)
Landudec, le 2 juillet 1935 — Douarnenez, le 2 juin 2017
Ce fils d’un tailleur d’habit de costume bigouden de Landudec, découvre la céramique à l’école des beaux-arts de Quimper avec Pierre Toulhoat. Par la suite, en 1953 à 18 ans, il suit un stage à Keraluc où Victor Lucas lui confie la réalisation d’une série de personnages modelés, destinée à constituer une crèche pour l’abbé Menut, recteur de Locmaria. Ces sculptures polychromes décorées, assez massives, sont caractéristiques du style d’André L’Helguen.
Après son service militaire, il s’installe définitivement à Keraluc comme artiste indépendant et poursuit durant près de 30 ans une production importante de pièces uniques et de modelages émaillés et décorées en faïence puis en grès. Il a aussi élaboré quelques formes pour l’édition, mais pas de décor. Son travail à été très largement commercialisé par l’entreprise, particulièrement dans les années 1970. Contrairement à Paul Yvain, il a accepté de collaborer avec la société Styleforme Arts et Création qui a tenté pendant quatre ans de relancer Keraluc après le dépôt de bilan en juillet 1984.
Avant de partir à la retraite, André L’Helguen a également collaboré épisodiquement comme artiste indépendant à la Société nouvelle des faïenceries de Quimper, HB. Henriot, crée par Paul Janssens, l’importateur américain des faïences de Quimper, pour relancer l’activité faïencière à Locmaria.
André Horellou (1943-1999)
Douarnenez, le 29 décembre 1943 — Douarnenez, le 31 aout 1999
Il découvre la céramique à l’École des beaux-arts de Quimper dans l’atelier de Jos Le Corre. Ensuite, il poursuit ses études artistiques à Paris à l’École des arts appliqués puis à l’École des arts décoratifs. Il rejoint la faïencerie Keraluc où il signe ses propres pièces après avoir travaillé quelques années comme décorateur dans l’atelier de peinture. Cependant rien ne le préoccupe plus que de peindre régulièrement, activité qu’il exerce à temps plein à Douarnenez à partir de 1987 et jusqu’à la fin de sa vie.
Il n’a jamais réellement voulu exposer ses œuvres aussi particulières qu’originales, achetées par une clientèle privée constituée essentiellement d’amis divers.
Il se lia d’amitié avec des poètes et des peintres de la région dont Bertrand Delporte pour qui il donnera plusieurs croquis sur le thème du livre qui lui est dédié en souvenir :
L’homme et l’oiseau.
Le 9e salon de peinture de Douarnenez a présenté une rétrospective de son travail pictural du 9 juin au 10 juillet 2011.

Georges Allier (1912 - 1994)
Quimper, 20 mai 1912 — Quimper, le 29 mai 1994
Après des études à l’école des Beaux-arts de Nantes il pratique régulièrement le dessin, la peinture, la sculpture, la gravure ou l’aquarelle. C’est un artiste discret qui ne cherche pas à exposer en galerie. Après avoir travaillé à la préfecture de Quimper pendant la guerre, il rentre chez Kéraluc, dès le démarrage de la manufacture en 1946, et y reste jusqu’à sa retraite. Sa production est assez abondante tant en statuettes d’inspiration bretonne, de sujets religieux, que de services de table et pièces commémoratives de commande.
Quelques pièces uniques en faïence portent aussi sa signature, mais c’est surtout en qualité de décorateur qu’il prend en charge durant toutes ses années passées dans l’entreprise nombre de commandes spéciales au concept imposé qu’il traite toujours avec beaucoup d’attention et d’efficacité.

Jean-Paul Jappé (1936 - )
Jean-Paul Jappé, né à Lorient en 1936, suit une formation artistique à l’École des Beaux-Arts de Quimper où il pratique la céramique dans le cours de Pierre Toulhoat. Invité par son professeur avec qui il entretient des liens d’amitié, il élabore quelques céramiques originales dans les ateliers de la manufacture Keraluc. Par la suite, il complète sa formation à Paris à l’Académie Charpentier puis à l’École des Métiers d’Art. Revenu sur Lorient, d’abord chez l’architecte Henri Conan, il devient enseignant à l’École d’Art où il exerce de 1970 à 1996.
Au début de sa carrière, son œuvre est marquée par l’art abstrait puis il affirme des sujets figuratifs peints sur le motif.
Le musée départemental breton possède une belle collection de céramiquesde 19 pièces modelées, émaillées et décorées par Jean-Claude Jappé à Keraluc en 1960.

Jean Mazuet (1908 - 1984)
Né à Saint-Brieuc le 21 décembre, Jean Mazuet est formé dans l’atelier du sculpteur Elie Le Goff. Il entre à l’école des Beaux-arts de Rennes en 1924, puis à l’ENSBA à Paris en 1928. Il intègre les Seiz Breur en 1934 et sera notamment récompensé d’une médaille d’honneur à l’exposition Universelle de 1937 pour la colonne monumentale qu’il conçoit avec Marcel Le Louët et disposée devant le pavillon de la Bretagne. Professeur de sculpture aux Beaux Arts de Nantes, il réalise nombre de monuments commémoratifs et bas-reliefs pour des églises. Jean Mazuet réalise aussi une douzaine de formes utilitaires et décoratives destinées à l’édition qui enrichissent le premier catalogue de Keraluc.
Il décède le 8 février 1984 à Oudonen Loire-Atlantique où il s’était installé avec sa femme Geneviève en 1975 pour sa retraite.
Giovanni Léonardi (1876 - 1956)
Giovanni Leonardi est né en Sicile à Belpasso en 1876 et mort dans la misère à Vallauris le 10 avril 1956. Il arrive à Paris à l’occasion de l’Exposition universelle de 1900 pour y travailler à la réalisation du pavillon d’Italie. Installé à Montmartre, il y fait la connaissance de Max Jacob, Picasso, Modigliani, Guillaume Apollinaire... Comme ce dernier, lorsque la Première Guerre mondiale éclate, il s’engage en 1914 dans la Légion étrangère puis il est incorporé en 1917 dans l’armée italienne jusqu’en 1919. L’explosion d’un obus lors de la bataille de l’Argonne lui endommage les tympans et il en souffrira jusqu’à sa mort. C’est Max Jacob qui lui fait découvrir Quimper qu’il retrouve tous les étés pour travailler à la manufacture Henriot où il est introduit par Jean Lachaud. Comme les autres artistes de la faïencerie, il sympathise avec le jeune l’ingénieur-artiste-céramiste Victor Lucas. Il fait aussi la connaissance dans les années 30 d’un jeune artiste amateur qui connaîtra un sort national, Jean Moulin, qui signe ses œuvres Romanin.
En 1932, Giovanni Léonardi l’aide à réaliser une pietà dans les ateliers Henriot. Jean Moulin contribuera à sa reconnaissance, et lui achètera des peintures et des céramiques.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, Leonardi s’installe à Rabastens dans le Tarn. À la Libération, Léonardi rend visite à son ami Victor Lucas dans sa toute nouvelle faïencerie fondée en 1946 pour modeler toujours avec brio, chevaux, Neptune ou naïades. Ces pièces uniques étaient ensuite traitées par l’artiste avec sa recette originale combinant l’émail stannifère avec un léger vernis transparent rehaussé par des jus de couleurs peints sur l’émail et des lavis d’oxydes purs sur le tesson. La vivacité et la vigueur du modelage étaient ainsi préservées par son traitement céramique aux effets subtils.
Il quitte ensuite Rabastens pour Vallauris où Picasso lui rend visite sans se préoccuper de sa situation précaire, comme il n’avait pas cherché à aider Max Jacob interné à Drancy par les Allemands. Quoi qu’il en soit, on ne peut que regretter cette fin de vie malheureuse pour cet artiste qui avait été apprécié par toutes les personnalités et célébrités qu’il avait côtoyées durant sa vie.
Roger-François Thépot (1925 - 2003)

Roger-François Thépot, dit François Thépot, est né le 18 février à Landeleau. Il commence à peindre en autodidacte en 1941 et suit durant l’année 1943-44, les cours municipaux du soir dispensé par Charles Léon Godeby, le conservateur du musée des beaux-arts de Quimper. Intéressé par la céramique, il s’y essaie dans les premiers mois de Keraluc en produisant quelques rares pièces avant de s’installer à Paris. Il reprend la peinture en 1950 évoluant peu à peu vers l’abstraction geométrique.
En 1964, il obtient une bourse du Conseil des Arts du Canada et part vivre à Toronto ; il enseignera plusieurs années à l’Ontario College of Art de cette ville, venant passer ses étés en France.
Roger-François Thépot est mort à Paris 15e, le 22 mars 2003.
Yves Enderlin (? - ?)
Que des interrogations et des mystères pour cet artiste qui, me semble-t-il, accompagnait Roger-François Thépot dans leur brève fréquentation des ateliers Keraluc vers 1948.
Ce plat portant la mention « Bibimus Vitam » est la seule pièce connue d’Enderlin avec ce projet de décor sur le thème de la légende de Saint-Corentin.
René-Yves Creston (1898 - 1964)
René-Yves Creston, pseudonyme de René Pierre Joseph Creston, est né le 25 octobre 1898 à Saint-Nazaire et mort à Étables-sur-Mer le 30 mai 1964. En 1923, il est l’un des cofondateurs avec son épouse Suzanne Creston et Jeanne Malivel, du mouvement Seiz Breur (« Union des sept frères »). Il participe à la décoration de la salle de la Marine marchande pour l’Exposition coloniale de 1931 à Paris, pour laquelle il réalise chez Henriot sa fameuse Mappemonde avec l’aide Victor Lucas. En 1933, il embarque pour une croisière scientifique avec le commandant Jean-Baptiste Charcot sur le Pourquoi Pas ? en tant que peintre. En 1936, il devient peintre de la Marine et dirige le département de l’Arctique du musée de l’Homme à Paris.
À la création de Keraluc, Victor Lucas sollicite son ami René-Yves Creston pour une édition de décors. Il en résulte quelques dessins préparatoires suivis de quelques essais de décor, mais cette collaboration ne sera pas poursuivie.






Dessins préparatoires pour des projets d’éditions à Keraluc.
Jean-Claude Taburet (1926 - 2013 )
Jean-Claude Taburet est né le 25 mars 1926 à Château-Gontier-sur-Mayenne et décédé le 5 mars 2013 à Quimper. Il commence ses études artistiques en 1944-1945 aux Beaux-Arts à Rennes puis il intègre les Arts décoratifs à Paris où il fait la connaissance de Marjatta (Helsinki 1931- ) qui deviendra son épouse.
Intéressé par la céramique, il s’initie à sa mise en œuvre à Keraluc pendant quelques mois en 1951. Après ses études à Paris, il entre comme artiste libre à la manufacture HB en 1956.
Georges Oriot (1928 - 2004)
Georges Oriot-Le Sellin est né en 1928 à Quimperlé et mort en 2004 à Concarneau. Orphelin de mère dans sa neuvième année, il est adopté à 28 ans après le remariage de son père en 1940, par sa tante Anne Guyvarch (épouse d’Arsène Le Sellin), ainsi que son frère Paul et sa sœur Yvonne en prenant le nom d’Oriot-Le Sellin.
Il reçoit une formation de peintre et de graphiste à Paris avant de retourner à Pont-Aven d’où sa famille est originaire. Il y partage un atelier avec Xavier Krebs puis le suit à la manufacture Keraluc où il travaille comme artiste indépendant durant deux ans avant de créer son propre atelier à Pont-Aven en 1953. En 1970, il part en Nouvelle-Calédonie (Nouméa).
À son retour, il installe son atelier à Scaër et travaille dans la solitude. Chaque année, il expose ses travaux (céramiques, dessins, sanguines) à Scaër ou chez Mme Guillerm, à Pont-Aven. Après son installation à Quimper en 1992, il se consacre à la peinture abstraite et abandonne définitivement la céramique.

Collection Musée départemental breton, inv. 993.73.4.
Jean-Pierre Millot (1942 - )
Jean-Pierre Millot est né en 1942 à Hennebont et après son lycée à Lorient, il suit durant 3 ans, de 1960 à 1963, des études à l’école des beaux-arts de Quimper jusqu’au CAFAS (certificat d’aptitude à une formation artistique supérieure).
Depuis la reconversion de la faïencerie Keraluc en fabrique de grès unis et décorés, l’entreprise cherchait à nouveau des artistes indépendants pour diversifier sa gamme de pièces uniques. Jean-Pierre Millot est alors le bienvenu. Son statut d’indépendant lui donne toute latitude pour se familiariser avec la céramique de grand feu tout en bénéficiant de la commercialisation de ses créations par le réseau de revendeurs de Keraluc. Il développe son propre style en utilisant partiellement le sgraffito (technique qui consiste consiste à graver superficiellement la couche superficielle des colorants en épargnant la couverte blanche).
Son travail de décors devenant trop répétitif pour assurer les commandes et le besoin d’une stabilité financière vont conduire Jean-Pierre Millot à poser avec succès sa candidature pour un poste de maître auxiliaire. Il démissionne ensuite de Keraluc en septembre 1966, après trois années de collaboration artistique, pour une carrière de professeur d’art appliqué en lycée professionnel et par la suite en lycée technique.
En retraite depuis 2003, il peint et continue à enseigner le dessin et la peinture au sein d’un atelier d’adultes.
Jean-Claude Courjault (1940 - 2022)
Jean-Claude Courjault est né le 8 mai 1940 à Thouars (Deux-Sèvres) et mort à Vouvray (Indre-et-Loire) le 5 juin 2022. Il entre à l’école des beaux-arts de Bourges et s’initie à la céramique dans l’atelier terre du couple de grands céramistes, Jean et Jacqueline Lerat. Ses parents tenaient un magasin à Thouars où ils vendaient du Keraluc et c’est par leur intermédiaire que leur fils est accueilli dans l’entreprise. Bon tourneur, il va réintroduire le tournage main à Keraluc et la technique du grès au sel qui sera par la suite reprise par André L’Helguen, et durant quelque temps par Antoine Lucas.
Après son départ, le tournage main est développé et généralisé pour beaucoup de pièces de formes d’inspiration « arts populaires » par un tourneur portugais Antonio Nogueira qui sera ensuite rejoint par son frère Francisco.
La production de Jean-Claude Courjault est basée essentiellement sur de grands vases pichets, des pieds de lampe et des bougeoirs toujours tournés et décorés sur terre crue avant d’être cuits en monocuisson avec un émaillage au sel en fin de cuisson vers 1280°. Ses pièces portent sa signature gravée avec la mention, quelque peu prétentieuse « diplômé de l’école des beaux-arts ».
En désaccord avec la direction, il quitte Keraluc vers 1973 pour monter son propre atelier à La Cerisaie, près de Chinon, pour une production très proche de celle qu’il élaborait à Quimper.
Alain Blanchard ( 1947 - )
Alain Blanchard, le frère de l’artiste Rémy Blanchard, est né à Nantes en 1947. Installé en Bretagne au début des années 1970, il entre comme apprenti décorateur à Keraluc et rapidement élabore ses premières pièces uniques en exploitant des émaux du commerce que lui procure Keraluc. Parallèlement, il apprend le tournage auprès de Jean-Claude Courjault puis quitte avec lui l’entreprise qui l’avait initié à la céramique.
En 1975, Alain Blanchard ouvre son propre atelier dans une ancienne école de Saint-Jean-Trolimon, située sur la commune de Plonéour-Lanvern, l’atelier de poterie du Méjou Roz.