QUÉRÉ René
Ploaré, le 26 mai 1932 — Tréboul, le 16 août 2021
Le peintre René Quéré arrive à Keraluc en 1955 comme apprenti peintre décorateur. Puis comme artiste indépendant, il réalise de nombreuses pièces uniques jusqu’à la fin des années 1950. Il quitte alors l’entreprise car l’abandon de la faïence pour le grès le contraint à réduire sa palette de couleurs. Avant tout peintre du monde maritime et de la condition humaine, son travail d’imagier céramiste au traitement aquarellé présente, au travers de son imaginaire, des scènes à caractère social avec l’omniprésence du milieu marin.
Né à Ploaré le 26 mai 1932, il fréquente très tôt le monde de la peinture (enfant, il habite la même maison que le peintre parisien Gaston Pottier, et Jean Colle, l’ami de ses parents et qui à fréquenté Max Jacob et André Derain, participe à son éveil pictural). Pour se perfectionner, il entre à l’école des Beaux-Arts de Quimper l’année de ses dix-neuf ans. Après ses études il est engagé comme apprenti peintre décorateur à Keraluc, sur les recommandations de ses professeurs Pierre Toulhoat et Jos Le Corre. Pendant deux années, tout en préservant son activité de peintre, il apprend très vite le métier et fait preuve d’une grande maîtrise de la technique difficile du décor à main levé sur émail cru.
Devenu artiste indépendant, il s’intègre sans difficulté dans l’équipe et développe un style de décoration très particulier. Il y vit une expérience céramique déterminante pour son œuvre picturale en réalisant de nombreuses pièces uniques jusqu’au début des années 1960 où il abandonne la céramique pour se consacrer exclusivement à la peinture.
Son travail d’« imagier céramiste » au traitement s’approchant de l’aquarelle présente une palette riche en nuances en dépit des contraintes techniques qui obligent à extrapoler les transformations chromatiques de la cuisson. Limitant autant que possible les interactions du feu, il considéra la céramique essentiellement comme un support particulier pour exprimer ses préoccupations de peintre.
Sa production ne comporte donc pas véritablement de décors et il ne s’intéresse pas à l’édition. Ses pièces majeures sont réalisées suivant une technique particulière « pointilliste » caractéristique du style de René Quéré : le graphisme structurant la composition, définit des aplats colorés par des petites touches juxtaposées d’oxydes colorants.
— Je travaillais sur émail cru au trait déroulé avec un bioxyde de manganèse (couleur brun noir) et ensuite je faisais le remplissage avec divers colorants. Cela demandait toute une gymnastique mentale, une mémorisation de la palette des couleurs, car celles-ci se modifient lors du passage au feu. Je ne faisais jamais de dessins préparatoires. Seuls mes souvenirs visuels me guidaient et la composition s’affinait au fil des heures !
Victor Lucas était un type solide, pas du tout paternaliste, et un bon peintre, qui savait choisir ses collaborateurs —
dit René Quéré, qui allait fréquemment peindre sur nature avec lui. Comme dans sa peinture, paysages et thèmes maritimes sont généralement traités en céramique ainsi que le monde du travail qui prend une large place dans son œuvre lui permettant de traiter la figuration humaine.
— Immergé dans le milieu de la pêche, j’ai tout naturellement décrit cette humanité maritime, raconté l’histoire des bateaux et de leurs équipages, évoqué les légendes bretonnes. Ce fut passionnant de travailler en usine, en bonne intelligence avec les ouvriers, les contremaîtres, les patrons et des artistes collaborateurs comme Pierre Toulhoat, Xavier Krebs ou Paul Yvain. Tout le monde était solidaire. On gagnait peu, mais c’était la joie de l’école buissonnière. —
– DOPAGNE Jacques, Le peintre René Quéré, Paris, collection Formes et figures, 1984.
– BELBÉOCH Henri, Douarnenez au bonheur des peintres, Douarnenez, 1992 et Douarnenez à travers les peintres,
– ArMen n°44.
– ARZUR Marie-Haude, René Quéré, ArMen n°93.
– Théallet Philippe., Verlingue Bernard-Jules, Encyclopédie des céramiques de Quimper / Tome V , pages 256 à 269/ les artistes au XXe siècle - Le à Z, Le Mans, Éditions de la Reinette, 2007 (ISBN 978-2-913566-49-1)